Le Ministère en charge de l’Information a organisé, le 29 octobre dernier, à Moroni, un atelier de réflexion sur l’amélioration des prestations de l’ORTC (Office de Radio et Télévision des Comores). A cette occasion, M Mohamed Boudouri, Président du CNPA, a prononcé un discours. Nous vous proposons de larges extraits.
« … Au titre du Régulateur des médias, permettez-moi d’abord de féliciter cette initiative de réunir autour de la même table, les pouvoirs publics et les personnels de l’ORTC pour poser ensemble le diagnostic du principal média audiovisuel du pays en vue d’améliorer les prestations qu’il offre au public à travers la radio et la télévision.
Ceci n’est pas un hasard. A une époque où les mutations technologiques ont bouleversé le champ de la communication et ont fluidifié la circulation de l’information ; au moment où une simple connexion internet permet à chaque citoyen de rendre compte des événements qui se déroulent dans son entourage ; au moment où une application permet de suivre sur son Smartphone l’actualité mondiale ; aucun pays ne peut échapper à cette nécessaire transition vers la modernité en questionnant les moyens qu’il met à la disposition de la radiotélévision publique pour assurer ses missions.
A un tel tournant, le diagnostic doit être sincère et sans complaisance pour espérer des remèdes à la hauteur des enjeux.
Une enquête réalisée en 1997 par un groupe d’experts à la demande du CNPA, dressait un constat alarmant de l’audiovisuel public que je me permets de vous livrer.
- Des programmes peu intéressants
- Un manque de professionnalisme à tous les étages
- Des moyens techniques inadaptés et un personnel pléthorique mal utilisé
- Une absence de cahiers des charges clarifiant les missions, les responsabilités et les mandats
- Un manque de définition du rôle des stations régionales de l’Ortc et de coopération entre celles-ci et la station de Voidjou.
- Un financement aléatoire et une absence de procédures de contrôle
- Une trop grande proximité du politique au détriment de l’autonomie éditoriale et structurelle, alors que l’Ortc est régie par une ordonnance de 2006 qui lui attribue une autonomie financière et administrative. Cette liste n’est pas exhaustive.
Les conséquences de cette situation sont la perte de crédibilité de l’Ortc et le décrochage du public…
Vous aurez à abordez plusieurs sujets. Mais parmi ceux-ci, n’oubliez pas que l’ORTC, est une radiotélévision publique qui trouve sa raison d’être dans le seul accomplissement du service public. Elle doit être un outil d’information, accessible à tous et s’adressant à tous, indépendamment du statut social ou économique des uns et des autres. Un lieu de rencontre où tous les citoyens sont invités et considérés sur une base égalitaire.
Parce qu’elle n’est pas soumise aux impératifs de la rentabilité, la radiotélévision publique doit faire preuve d’audace et d’innovation dans un souci de qualité et d’intérêt général.
Face à de tels défis, la radiodiffusion publique ne peut se reformer que dans la rupture avec son passé de média sous contrôle de l’exécutif, en regardant l’avenir.
L’avenir, c’est la professionnalisation du personnel par la formation, la transparence dans les critères de recrutement, la clarification du statut des journalistes afin qu’ils puissent faire leur travail dans la loyauté et non dans la soumission.
L’avenir c’est l’autonomie éditoriale, administrative et financière pour assurer la mission de service public et d’intérêt général.
L’avenir, c’est la clarification des procédures de nomination des cadres et du responsable de l’ORTC de manière à lui garantir la durée, la sérénité et les moyens nécessaires à pouvoir réaliser le projet pour lequel il a été choisi à ce poste.
L’avenir, c’est réorienter l’ORTC sur son rôle principal de producteur de contenus en s’ouvrant aux compétences disponibles dans le pays et à l’extérieur du pays et en se délestant des corvées de la diffusion qui relèvent d’autres instances techniques dont c’est le métier.
Regarder l’avenir, c’est suivre les grandes tendances technologiques en développant les plateformes alternatives à la traditionnelle offre hertzienne d’une part et en proposant des offres non-linéaires d’autre part. Tendances qui obligent de diversifier ses contenus, d’adapter ses formats et ses programmes et d’assurer une qualité des productions…
Voilà les points de discussion que je voulais soumettre à votre atelier. Les enjeux sont nombreux et nous ne pourrons pas les abordez tous ici. Mais vous pourrez compter sur le soutien du CNPA pour vous apporter l’expertise technique et les conclusions des études et rapports sur le paysage médiatique.
Je termine mon propos en remerciant le ministère de l’Information et l’ensemble du gouvernement pour les efforts consentis afin que le projet de loi sur l’information et la communication soit enfin soumis à l’examen de l’actuelle session de l’Assemblée de l’Union. »